par musketier14 » Jeu 18 Sep 2014 14:06
D’après les « Mémoires de la société d’archéologie et d’histoire de la Moselle » – Année 1863.
Le château de Tichémont avec ses dépendances offre la figure d’un grand carré long, occupant au fond d’un vallon, tout l’intervalle compris entre les deux bras d’un ruisseau qui se jette dans l’Orne, un demi-kilomètre plus loin.
Sur trois côtés de ce quadrilatère, un grand et deux petits, règne une double enceinte qu’on appelle encore aujourd’hui les fausses braies, sorte de boulevard d’une largeur constante de huit mètres environ. Cette fortification vient butter contre un gros donjon voûté au rez-de-chaussée et qui sert de porche donnant accès dans la cour du château. Le pont actuel, qui le précède, a remplacé un pont-levis.
On remarque encore sur la droite les traces d’une poterne et de mâchicoulis. Au-dessus de l’arc ogival qui forme la porte on aperçoit une ouverture qui permettait de faire le guet du côté de l’entrée principale. La quatrième face de ce parallélogramme est formée par des bâtiments de dépendances, et enfin par le château qui occupe l’angle nord-est. Il est précédé d’une cour, dont le sol domine la basse-cour et un jardin qui sont tous deux compris dans la même enceinte.
Le château, de construction moderne, ne se recommande à l’archéologue que par une tour carrée assez élevée qui est flanquée, au dehors, d’une tourelle en style renaissance. Sur la face nord, au-dessus d’une porte, on lit la date de 1568, répétée au-dessus de la fenêtre.
La cour se trouvait coupée, à une époque récente, par un large canal qui traversait l’enceinte en son milieu et qui était probablement destiné à séparer les habitations des deux seigneurs qui se sont partagé cette terre à la fin du XVIe siècle et durant le siècle suivant. Ce canal n’a entièrement disparu que de nos jours.
L’histoire de cette localité est celle de ses seigneurs, qui ont tous occupés un rang élevé dans la hiérarchie féodale.
La première mention où apparaisse le nom de Tichémont, nous est fournie par un acte de 1055, tiré du Cartulaire de Gorze, et portant donation par Henri, abbé de Gorze, de terres qu’il concède à Martin de Tichémont, à condition que ses enfants resteront attachés à cette abbaye, et qu’ils épouseront des femmes qui en dépendent.
Cette charte vient nous confirmer dans l’opinion que Dom Calmet insérait dans sa Notice de Lorraine, à savoir qu’il y a eu anciennement des seigneurs du nom de Tichémont.
Il en donne, en effet, pour preuve que Essignon dit Walle de Thichemont, écuyer, vendit par acte daté du jour de l’Annonciation 1362, à Franque de Huisse et à Marie sa femme « septante sols tournois » qu’il prenait tous les ans sur le tonneu de Briey et qu’il avait acquis de Jean de Naives, chevalier. Cette terre passa ensuite dans la maison des Armoises.
Richard des Armoises II du nom, fils de Richard Ier, était pensionnaire de la ville de Verdun, en 1385. Il est nommé chevalier en 1391 et maréchal du Barrois en 1397.
En 1407 et 1408, il est nommé seigneur de Richemont (ou Tichémont) et chevalier. Il joignit ses forces à celles du duc de Bar et du prévôt de la Chaussée, qui ayant à leur tête le marquis de Pont-à-Mousson, marchèrent la nuit contre la ville de Metz espérant la surprendre. Mais la division s’étant mise parmi eux, ils manquèrent leur coup et revinrent à Pont-à-Mousson.
Le duc de Bar, en considération des services de Richier des Armoises, l’institua, en 1407, son châtelain et garde de son château de Conflans, avec cinquante francs d’or par an.
En 1416, Richard des Armoises, chevalier, était gouverneur du duché de Bar, sous le cardinal de ce nom.
Le 6 février 1423, Robert des Armoises, sire de Tichémont, chevalier (peut-être fils de Richard II), confesse et avoue tenir en foi, fief et hommage-lige de M. le duc de Bar, comte de Guise, « le chastel, forteresse et maison-forte de Tichémont, l’étang, moulin et appartenances en ressort et souveraineté et en sa prévôté de Briey, juvables et rendables à grande et petite force, priant F. Vauthier, abbé de Saint-Pierremont, de sceller avec lui. Scellé de deux sceaux en cire verte ».
Robert des Armoises ayant fait passer la terre de Norroy en mains étrangères sans la participation de René, duc de Bar, ce dernier la confisqua et la donna à Jean d’Autel, seigneur d’Apremont, à charge de la reprendre de lui.
Sous la date du 8 septembre 1435, l’Inventaire des Titres de Lorraine de du Fourni rapporte des « lettres en papier, de Geoffroy d’Aspremont, seigneur de Han, que comme le duc d’Anjou, de Lorraine et de Bar, lui ait mis en main la forteresse, terre et appartenance de Tischemont apartenante à M. Robert des Armoises, chevalier et luy en ait baillé le gouvernement de l’administration, suivant certains moyens et conditions déclarées ès lettres dudit Duc, du 8 septembre 1435, y transcrites ; laquelle terre avoit été saisie sur ledit des Armoises pour cause de désobéissance ; à la charge dudit d’Aspremont d’employer les levées qu’il en fera à l’entretien de ceux qu’il y ordonnera et que pendant qu’il en aura le gouvernement, il n’y mettra, recevra ou favorisera en ladite place ledit des Armoises ny aucuns de ses serviteurs ou aydans si ce n’est de l’exprès commandement du duc ou des gens de son conseil et sera tenu de la rendre réellement et de fait toutes les fois qu’il en sera requis sans contredit ou refus ; ce que ledit Geoffroy par serment et par la foy de son corps promet et sur son honneur. Scellé en placard de cire rouge aux armes dudit Aspremont ».
Philibert des Armoises et Jeanne de La Force, sa femme, vendent, vers 1459, la terre de Richemont à Didier de Landres et à Jeanne de Puligny sa femme.
Le 30 avril 1472, Didier de Landres, Ier du nom, chevalier, seigneur haut voué de Landres et seigneur d’Avillers, de Murville, etc., confesse tenir en « foy et hommage du roy de Sicile, duc de Bar, à cause de son château de Briey, le chastel et forteresse de Tichemont appartenances et dépendances promet d’en faire les services tels qu’il appartient. Scellé en cire vermeille de ses armes. Trois paux ». Il mourut à Tichémont, le 15 novembre 1483.
Son fils, Perrin de Landres, écuyer, seigneur de Tichémont, né en 1461, épousa Walburge de Haussonville, fille de Balthazard de Haussonville et d’Anne d’Anglure.
En 1489, « le sieur de Bassonpierre et Perrin de Landre demandoient plusieurs hommes et femmes menant en la cité, lesquelx ilz disoient estre à eux serfs de condicions ; et pourtant que la cité ne les vouloit point delivrer, ilz usoient de grant menaisses ».
Nous trouvons dans un acte, du 16 juillet 1499, passé devant Nicolas de Bresselet dit Naze, prévôt d’Étain, garde scel du tabellionnage de la prévosté dudit Estain, la remise faite par noble escuyer Perrin de Landres et damoiselle Waubourg, sa femme, à noble escuyer François de Custine et à demoiselle Yde Deviset, sa femme « du droit, action et poursuite et raison que feu messire Didier de Landres en son vivant chevalier sr dudit Landres avoit povoit et prétendoit avoir à rencontre de Phillebert des Hermoises, escuier à cause de l’achet de la fort maison de Thechiemont circonstances et dépendances tant en rentes revenues que aultrement que ledit Phillibert avoit fait à un appelle Thomasse de Cappe jadis capitaine de certains nombre de gendarmes soulz la compaignie de monseigneur le duc Charles de Bourgogne lequel seigneur de Landres disoit l’avoir gaingnies, et recouverte en temps d’ostilité et reprins par fait d’armes sur ses ennemis dont par aultres foix proces débat et question en a este meu lesdis seiur Phillebert et ledit messire Didier de Landres ». Signé à l’original : « Lescuyer et Debar clers jurez au tabellionnage d’Etain ».
Il n’est pas douteux que les fers de lance qu’on trouva, vers 1845, quand on creusa une pièce d’eau près du château, ne proviennent de la lutte à laquelle il est fait allusion ici.
On rencontre encore au nom du même seigneur un contrat de donation fait, le 4 octobre 1507 par noble homme Me Thomas de Failli, procureur fondé de noble homme Georges de Failly et dame Ydion, sa femme, à noble écuyer Perrin de Landres, seigneur deTichémont et dudit Landres en partie et par noble damoiselle Walbourg de Hassonville, sa femme, de la part appartenante aux donataires dans le moulin de Labri et une chenevière située audit lieu.
Le 11 novembre 1534, nous voyons un dénombrement donné à S. A. par Perrin de Landres seigneur de Tichémont, de Landres et Avillers, en partie de tout ce que messire Claude Baudoche, chevalier, seigneur de Molin, tient en arrière-fief de lui en la ville, ban et finage de Hatrize. Ce titre est scellé du sceau dudit Perrin de Landres et de celui de messire Philippe de Norroy, chevalier, son cousin.
Le 26 septembre 1535, institution d’un chapelain pourvu de la chapelle érigée en l’église paroissiale de Hatrize sur la présentation faite par noble et généreux seigneur Perrin de Landres, de Briey, seigneur de Tichémont, etc., et dame Wulburge de Haussonville, fondateurs et patrons.
Cette chapelle, qui sert de sacristie depuis 1841, occupe le côté droit de l’avant-chœur de l’église de Hatrize.
Sa superficie de 25,9 m est couverte par une voûte brisée, partagée par des nervures dont les clefs de voûtes représentent :
- au milieu, les armoiries des de Landres : d’or ou d’argent à trois pals de gueulle
- autour du point central : d’or à la croix de gueulle qui est Watronville, aïeule de Perrin de Landres
- puis d’or à la croix de gueulle frettée d’argent qui sont les armes de sa femme Walburge de Haussonville
- et enfin de gueulle à trois pals de vair au chef d’or, chargée d’une merlette de sable qui est Chatillon de la branche du second fils du connétable de Chatillon, comte de Porcean, écartelé au 2 et 3, d’or semé de grillets d’argent, soutenus d’un croissant de gueulles qui est Anglure mère de Walburge.
Cette chapelle est éclairée par une large fenêtre formée par un grand arc ogival qui en contient trois autres plus petits. L’ornementation accuse le style flamboyant de l’époque. Ce fut dans cette chapelle, placée sous le vocable de la Conception de Notre-Dame, que Perrin de Landre fut inhumé cette même année (1535). Sa femme, qui lui survécut d’un an, fut enterrée à Sainte-Marie de Metz.
Leur fils Warin de Landres, chevalier, seigneur en partie dudit lieu, seigneur des maison, place et territoire de Tichémont, né en 1502, obtint à la date du 30 mai 1541, du duc Anthoine « droit, authorité et haute justice en ladite maison, fief, ban et appartenances d’icelle avec puissance d’y instituer maire et gens de justice qui aient authorité de recevoir et donner tous actes de haute justice, connoissent de tous ces cas et qu’ils puissent dresser et ériger sept carcans, fourches et gibet à deux piliers ou jambages de bois en un lieu dudit ban qui, par le procureur général du duché de Bar et officiers de Briey, sera trouvé convenable, d’avoir prison pour tenir prisonniers et malfaiteurs et leur faire et parfaire leurs procès réservant à luy et à son bailli de Saint-Mihiel commis de député de ses hauts jours le ressort et connaissance de ses appellations et réformations comme du passé ».
Warin de Landres, seigneur de Tichémont et de Landres, donna, le 26 septembre 1539, un ascensement à un habitant de Hatrize ce qui tend à prouver qu’il hérita des biens que son père avait à Hatrize. Il eut aussi la seigneurie de Jarny par sentence obtenue contre François de Choiseul et mourut, en 1548, laissant quatre fils : François – Valentin Ier – Claude – Nicolas.
François de Landres, frère aîné de Valentin Ier, qui est qualifié seigneur de Tichémont dans un dénombrement sans date pour la moitié du moulin de Labry, céda la moitié de Tichémont qui lui était advenue par héritage à African de Haussonville.
Valentin Ier qui eut l’autre moitié la céda, le 15 octobre 1570, à ses deux frères Claude et Nicolas. Ce dernier abandonna, le 30 du même mois, sa part à son frère Claude, de sorte que ce fut celui-ci qui, de la famille des Landres, resta seul seigneur de Tichémont.
Aussi, à la date du 14 janvier 1573, voit-on un dénombrement donné par Claude de Landres dict de Briey, seigneur de Landres, Avillers, Tichémont, Haulcourt, etc., en partie de plusieurs fiefs partageables par moitié contre honoré messire Didier de Landres, chevalier, sieur desdits lieux, en partie capitaine et prévôt de Briey, son beau-père. Signé dudit Claude de Landres, scellé de son scel armorié de ses armes et de celui de Warin de Saint-Beaussant, sieur d’Immonville.
Le nom de sa femme, Marguerite de Landres, nous est donné par un acte du 30 mai 1588, portant acquêt de divers biens situés à Hatrize, et celui de sa mère, Blanche de Barbanson, intitulée douairière de Tichémont dans un contrat d’acquêt du 1er juillet 1589.
Nicolas de Landres qui avait été un instant seigneur de Tichémont, et qui mourut en 1583, demanda que son corps fût transporté à Hatrize dans la chapelle que ses ancêtres avaient fondée dans l’église paroissiale.
Quant à Claude de Landres, qui possédait Tichémont et en partie Hatrize, il mourut en 1592 laissant pour fils, Didier de Landres, deuxième du nom, marié, le 5 juin 1587, à Judith du Hautoy.
Le 5 mai 1597, nous voyons le dénombrement donné par Didier de Landres, seigneur de Tichémont, dudit Landres, Mont, Murville, Bauzet, Haitrise en partie, écuyer d’escuries de Monseigneur de Vaudémont, de tout ce qu’il possède au village de Haitrise, etc. Signé et scellé des sceaux dudit Didier de Landres et de messire François du Hautoy, chevalier, seigneur de Nubecourt, Bullainville, Bauzet, etc., chambellan de S. A.
Didier de Landres ne cessa de faire des acquisitions ou des échanges de terres à Hatrize depuis le 1er mars 1597 jusqu’au 28 février 1635.
Le 12 octobre 1602, il obtint du bailliage de Saint-Mihiel une sentence afin de forcer les habitants de Hatrize à lui faire les corvées qui lui étaient dues. Et le 11 août 1603, il fit un partage de bois qui se trouvaient indivis entre lui et Jacqueline de Saint-Blaise, femme de Pierre de Gournay.
Le 5 juin 1619, Didier de Landres dit de Briey, seigneur de Tichémont et d’Hatrize, conseiller, chambellan de S. A., capitaine et prévost de Briey donne, tant en sa qualité d’exécuteur testamentaire du testament de feue Barbe de Hault, que comme collateur et propriétaire de la chapelle de la Conception Notre-Dame érigée en l’église de Hatrize, quittance de 150 francs par François de Hault, faisant moitié de celle de 300, légués à cette chapelle par sa sœur. Laquelle somme était due à la testatrice par feu Jean de Hault, écuyer, demeurant audit Hatrize, son père, ledit paiement fait par ledit François de Hault comme héritier seul et universel dudit Jean de Hault, son père. L’autre moitié desdits 300 fr. demeurant à la charge des héritiers de feue demoiselle Claude de Blaville, vivante femme dudit Jean de Hault, mère de ladite Barbe et belle-mère dudit François de Hault.
Didier de Landres, dit de Briey, est encore qualifié seigneur de Tichémont, dudit Landres, Mont, Murville, conseiller d’estat de S. A., capitaine et prevost dudit Briey, garde du scel du tabellionage dudit lieu dans un acte, du 28 novembre 1620, portant acquisition pour François de Baigecourt, seigneur d’Amnéville, d’une maison sise audit lieu.
La maison Des Salles nous apprend qu’Anne Dorothée de Landres, héritière unique « de tous les biens délaissées par deffunt illustre seigneur monsieur de Tichemont (Didier de Landres) », épousa en premières noces Claude, fils d’Ahraham du Hautoy seigneur de Récicourt.
Le 23 avril 1664, leur fils François du Hautoy, seigneur en partie de Landres, Mont, Murville, Tichémont, les cinq villes, Joppécourt, Hatrize, donna son dénombrement au duc de Lorraine, notamment pour cette dernière seigneurie.
Le 21 février I695, il acquit de Paul de Gournay, le tiers dans la seigneurie de Hatrize qui appartenait à la seconde femme de ce dernier. François du Hautoy obtint encore, le 9 novembre 1692, un traité qui mettait fin aux difficultés qu’il avait éprouvées près des habitants de Hatrize qui se refusaient à faire des corvées.
Le 8 octobre 1682, d’après le dénombrement que ce dernier avait donné à la chambre royale établie près le Parlement de Metz pour la moitié de la seigneurie de Tichémont, deux tiers de celle de Hatrize, pour le fief de Froidevaux et pour la vouerie du Jarnisy, il paraît qu’il y avait alors un étang flottant contre les murailles des deux châteaux. Cet acte porte à côté de sa signature le cachet de ses armes qui sont : d’argent au lion de gueulle, la queue nouée passée en sautoir, armé, compassé et couronné d’or.
L’autre moitié de la terre de Tichémont appartenait, en effet, à François de Nettancourt ou plutôt à son gendre, Charles de Lenoncourt, qui avait épousé sa fille, Charlotte de Nettancourt, et qui donna son dénombrement à la Chambre royale, le 25 octobre 1681, pour cette moitié de Tichémont et aussi pour une maison située à Labrye.
On parle dans cet acte, du vieux château qui est démoli et dont il ne reste plus que quelques murailles qui servent de séparation avec la propriété voisine. On ne voit, ajoute-t-on, en fait de construction ancienne, que « la tour et portière de la basse-cour et un petit logement de fermier, le tout fermé de fossé avec un pont-levis ».
François de Nettancourt tenait ses droits de son père, Henry de Nettancourt, seigneur de Passavant, Jopécourt, Moncel, Saint-André et Tichémont, gentilhomme de la Chambre de Mgr le duc de Bar et capitaine entretenu pour le service de France, qui figure en cette qualité dans un bail du moulin de Labry, du 13 juillet 1607, et dans une procuration, du 6 juillet 1622, qu’il donna à Symon de Broallant, escuyer, son admoniateur, demeurant à Tichémont pour vendre le quart à lui appartenant dans le moulin de Labry. Henri de Nettancourt tenait probablement ses droits sur Tichémont de son aïeul maternel, African de Haussonville.
De son mariage (1663) avec Suzanne de Constant de Trières, dame de Francfossé, François du Hautoy, qui vivait encore en 1703, laissa une fille unique, Anne Dorothée du Hautoy, mariée à Charles-François de Béon-Luxembourg, marquis de Béon, arrière-petit fils de Jean de Luxembourg, comte de Ligni et de Brienne, et Guillemette de la Marck.
Ses armes sont : écartelé au 1 de Luxembourg qui est d’argent au lion de gueules, armé, compassé de couronne d’or, la queue nouée et passée en sautoir ; au 2 d’or à la face échiqueté d’argent et de gueules; au 3 de gueule à la croix d’argent ; au 4 de France au bâton de gueule péri en bande qui est Bourbon-Condé et sur le tout d’or à deux vaches de gueule qui est de Béon maison du Languedoc.
On lit encore la date de 1702, sur un contrefort des terrasses dont la construction rappelle le grand régne, et annonce en même temps, la puissance de celui qui pouvait faire entreprendre un travail de ce genre. Aussi en fait-on honneur au marquis de Béon-Luxembourg. Les magnifiques arbres qui dominent la colline contre laquelle elles sont adossées sont évidemment de la même époque.
Veuve le 8 août 1725, Anne Dorothée du Hautoy mourut en juin 1755, sans enfant, et laissa à son neveu à la mode de Bretagne, Léopold Charles comte du Hautoy, qu’elle avait adopté, la terre de Tichémont qui se composait :
- d’un château, basses-cours immenses, belles écuries, granges, remises, greniers superbes, deux grands colombiers bien peuplés, trois maisons de ferme grandes et bien bâties, maisons de jardinier, chasseur, berger, manœuvre
- des deux maisons, jardins et enclos contenant : 100 jours de terres de jardins, vergers, chènevières, légumiers, orangerie, canaux, réservoirs – 900 jours de terres labourables – 120 fauchées de prés – 1 700 à 1 800 arpents de bois – une lieue de pêche dans la rivière d’Orne
- de la vouerie du Jarnisy qui donnait le droit de chasse sur 20 à 24 bans de la baronie de Froideveau qui n’est rien autre chose qu’un fief situé sur un terrain où est à présent bâti partie de la ville de Briey
- d’un colombier à Jarny et enfin d’un logement, jardin et pré à l’hermitage de Vallières.
M. Léopold-Charles, comte du Hautoy, seigneur de Gussainville et de Tichémont, chevalier de Saint-Louis, capitaine au régiment d’infanterie du roi, céda cette terre, sauf l’ermitage de Vallières par transactions des 12 et 22 novembre 1768, à M. Joseph-François Coster, avocat au Parlement, conseiller du roy, secrétaire et greffier de sa Majesté aux états et commandement du Languedoc.
Ce dernier vendit cette seigneurie, le 14 octobre 1769, à M. Pierre-Gabriel Launay de Montaigu, commissaire des guerres, gouverneur de Badonvillers, et, le 31 octobre suivant, il lui vendit aussi un logement, un jardin et un pré à Vallières.
Le 2 février 1770, le roi confirma, comme dépendant directement de lui, cette acquisition de Tichémont avec la baronnie de Froideveau et la vouerie du Jarnisy au sieur Launay de Montaigu, seigneur de Tichémont et de Cirey en Vosges, qui en fit hommage à la Chambre des Comptes de Lorraine et Barrois, les 16 et 21 mai 1770.
Sa veuve, dame Marthe-Françoise-Gabrielle de Tourville, assistée du curateur de ses enfants mineurs, vendit cette terre, le 22 novembre 1776, à M. Antoine Dominique Jacques Joseph Dosquet, écuyer, conseiller, secrétaire du roi, lieutenant-colonel de la milice bourgeoise de Metz, et à son épouse dame Claude-Antoinette Martinfort.
Le roi confirma cette acquisition, le 14 février 1777, et M. Dosquet fut mis en possession de la vouerie du Jarnisy, le 8 août suivant, par un sieur Damien Nicolas, notaire, tabellion royal au bailliage de Briey, en recevant sur la place devant l’église de Jarny, une pierre afin d’en opérer la tradition : formalité qui est aujourd’hui remplacée par la transcription du contrat au bureau des hypothèques.
Cette terre passa enfin, le 6 prairial an XI (26 mai 1803), entre les mains de M. François-Benoit-Charles-Pantaléon Durand, conservateur général des forêts des départements de la Moselle, des Ardennes et des Forêts, et à dame Anne Charlotte Lançon, son épouse, suivant les termes du contrat d’acquisition. Leur fille, Mme la baronne de Bonaffos, l’habite aujourd’hui.
Ceux qui ne sont pas indifférents aux beautés un peu sévères de la nature, peuvent contempler dans tout leur développement, les nombreuses plantations dont M. Durand s’est plu à embellir sa propriété.